Casamance : Les populations de Bignona se soulèvent contre les exactions des militaires sénégalais et demandent qu’ils quittent les villages
Depuis plusieurs jours, la colère gronde et enfle dans la commune de Bignona, où les populations de 17 villages se dressent pour dénoncer les atrocités subies sous la présence militaire sénégalaise.
Du Fogny Niarang au Blouf, en passant par le Fogny Kombo et Karone, les habitants n’en peuvent plus. Leurs voix, étouffées depuis trop longtemps, résonnent désormais dans les rues et les campagnes. Ils réclament une seule chose : le retrait immédiat des militaires de leurs villages.
Un quotidien devenu cauchemardesque : des récits d’horreur
Les témoignages poignants des villageois révèlent une situation intenable. Plusieurs habitants ont été assassinés, les corps des victimes souvent retrouvés sans vie dans des circonstances horribles. Leurs meurtriers ? Des éléments de l’armée sénégalaise, accusés de commettre des exactions d’une brutalité inouïe, imposant un climat de terreur insupportable.
Mais ce n’est que le début d’une longue liste de crimes :
Vol de bétail et de biens personnels : Les troupeaux, source de subsistance des populations, sont régulièrement dérobés sous la menace des armes. Les biens, souvent rares et précieusement gardés, sont pillés sans vergogne.
Occupation des écoles : Dans certains villages, les militaires ont transformé les écoles en casernes, empêchant ainsi l’enseignement et brisant l’avenir de centaines d’enfants.
Viol des femmes : Des femmes, souvent jeunes, sont victimes de violences sexuelles infligées par des soldats. Leurs cris et leurs douleurs résonnent dans l’indifférence des autorités.
Restrictions de déplacement : Les populations sont confinées dans leurs villages, sous haute surveillance, avec une interdiction de circuler librement.
Destruction des champs et des rizières : Les récoltes sont saccagées, les terres agricoles ravagées, privant les familles de leur seule source de nourriture et de revenus.
Abattage des arbres et trafic de bois : Les forêts de Casamance, précieuses et ancestrales, sont abattues à un rythme effréné. Le bois, exploité illégalement, est revendu sur des marchés douteux, alimentant un trafic lucratif pour certains.
Trafic de chanvre indien : Le sol sacré de la Casamance est devenu le théâtre d’un commerce illégal de drogues, nourri par la présence militaire, ajoutant une dimension criminelle à ce cauchemar quotidien.
Face à cette situation dramatique, les populations n’ont plus le choix que de se soulever. À Diouloulou comme dans d’autres villages, hommes, femmes et enfants descendent dans les rues, bravant la répression pour exiger la fin de l’occupation militaire. Le message est clair : les militaires doivent quitter la région !
« Ils nous tuent, ils volent nos terres, violent nos femmes, et empêchent nos enfants d’apprendre ! », scande un manifestant, le visage empreint de désespoir et de rage. L’atmosphère est électrique, chaque villageois portant en lui les cicatrices invisibles d’une oppression intolérable.
Le silence du gouvernement sénégalais face à ces horreurs est assourdissant. Mais les habitants de Bignona refusent de se taire. Ils lancent aujourd’hui un appel à la communauté internationale, aux organisations de défense des droits humains, aux médias et aux activistes.
Chaque minute passée sous l’emprise militaire est une minute de trop. La paix ne reviendra jamais tant que les armes continueront à dicter la loi. Le développement et l’éducation des enfants, l’avenir de cette région, sont en jeu.
Ce cri de désespoir ne peut être ignoré. La situation est critique, et une intervention urgente est nécessaire pour mettre fin aux violences, restaurer les droits des populations et permettre à la Casamance de retrouver sa liberté.
Samsidine Badji (SAM)