Casamance : Baisse record de la participation aux élections législatives sénégalaises : Un boycott qui résonne
Le dimanche 17 novembre 2024, les élections législatives sénégalaises ont été marquées par une baisse record du taux de participation, particulièrement en Casamance en proie à des tensions armées, politiques et sociales depuis près d’un demi-siècle. Ce scrutin, qui aurait dû être un moment fort de la démocratie, a été assombri par un boycott annoncé par les indépendantistes du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), qui a appelé les électeurs à ne pas se rendre aux urnes.
La Casamance, a connu des décennies de conflits et de luttes pour son indépendance. Les crimes perpétrés par l’armée sénégalaise de 2021 à nos jours dans toute l’étendue de ce territoire, ont exacerbé le sentiment de méfiance envers le Sénégal malgré l’avènement du nouveau régime Diomaye-Sonko. Les appels au boycott, soutenus par des leaders locaux du MFDC et des organisations de la société civile, ont trouvé un écho dans une population désillusionnée, qui voit souvent les élections comme un simple exercice sans réelle conséquence sur leur quotidien.
Les premières estimations indiquent que le taux de participation en Casamance a chuté à un niveau sans précédent, atteignant à peine 26% comme à Médina Yoro Fullah, Thionk Essyl, Oussouye, Kounkandé, Sédhiou, Sindian, Bounkiling, Kédougou, Diattacounda et Tambacounda. Ce chiffre est alarmant pour un Sénégal qui se veut inclusive et représentative. Les bureaux de vote, habituellement animés, ont été désertés, laissant place à une ambiance de désenchantement. Les électeurs, en grande partie, ont préféré rester chez eux, illustrant ainsi leur rejet du discours sénégalais tel qu’il est perçu aujourd’hui.
Cette baisse de participation en Casamance envoie un message fort aux autorités : les citoyens ne sont pas seulement désillusionnés, ils exigent un changement dans le règlement d’un conflit des plus vieux du monde. Les raisons de ce boycott sont multiples : manque de confiance dans le processus de recherche de la paix et les institutions sénégalaises, sentiment d’abandon par l’État, et une volonté de voir libérer tous les prisonniers politiques et voir émerger la justice sur le naufrage du bateau le Joola et les assassinats perpétrés par Macky Sall en Casamance, notamment la disparition de Fulbert Sambou et de Didier Badji.
Alors que le Sénégal traverse une période charnière de son histoire politique, la situation en Casamance où les voix qui se sont élevées contre un système perçu comme colonialiste doivent être entendues, et les acteurs politiques doivent s’engager dans un dialogue sincère avec la population. Le défi est désormais de transformer cette désillusion en une opportunité de vérité, de justice et de paix.
Balanta Mané
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