Casamance : Le calvaire des étudiants Casamançais, un désespoir sans fin ?
La Casamance, riche en culture et en résilience, est aujourd’hui le théâtre d’un drame poignant qui touche ses étudiants, tant à Ziguinchor qu’à Dakar. Enracinés dans une quête de savoir, ces jeunes se trouvent pris au piège d’un système éducatif sénégalais vacillant et d’un abandon institutionnel criant.
Ziguinchor-Casamance : Une université en panne
L’Université Assane Seck de Ziguinchor, autrefois porteuse d’espoir pour des milliers d’étudiants de la région sud, traverse une crise profonde. Fermée temporairement après des affrontements violents entre étudiants et forces de l’ordre, elle est devenue le symbole des failles du système universitaire sénégalais. Le manque de salles de classe, l’état délabré des infrastructures et les coupures récurrentes d’électricité exacerbent le désarroi des étudiants.
Les autorités ont répondu par des mesures controversées : fermeture de l’université « jusqu’à nouvel ordre », dissolution des organisations étudiantes et arrêt des services essentiels tels que la restauration et le logement. Les étudiants, sommés de quitter leurs chambres, se retrouvent dans l’incertitude totale.
La réouverture annoncée pour le 6 janvier 2025 est loin d’apaiser les tensions. La décision du Conseil académique d’instaurer une session unique et d’invalider potentiellement le second semestre de l’année académique 2023-2024 a mis de l’huile sur le feu. Pour Khadim Diène, coordonnateur des étudiants, ces mesures sont « arbitraires » et ne répondent aucunement à leurs revendications. « Nous voulons des actions concrètes pour améliorer nos conditions sociales et pédagogiques », martèle-t-il, exprimant le refus catégorique des étudiants face à ces décisions qu’ils jugent injustes.
Dakar-Sénégal: Une expulsion qui déchire
À Dakar, la situation des étudiants casamançais n’est guère meilleure. Dans un contexte déjà difficile marqué par des défis financiers et sociaux, une nouvelle épreuve s’abat sur eux : une expulsion imminente. Logés dans des résidences louées par la municipalité de Ziguinchor, ces jeunes doivent quitter les lieux avant le 1er décembre 2024. La raison ? Une dette de plus de 20 millions de FCFA accumulée par la municipalité auprès du bailleur.
Le MEEDZ (Mouvement des Étudiants et Élèves pour le Développement de Ziguinchor affilié au KEKENDO) tire la sonnette d’alarme. Son président, Ken Yaya Sagna, déplore l’inaction des autorités locales face à cette crise qui compromet gravement l’avenir académique de nombreux étudiants. « Nous avons entrepris des démarches diplomatiques pour résoudre ce problème, mais les réponses sont restées insuffisantes », déclare-t-il.
Une lutte sans fin ?
Ces étudiants, au-delà de leur colère, incarnent une génération déterminée à faire entendre sa voix. À Ziguinchor, ils réclament des conditions d’études dignes et un respect de leurs droits. À Dakar, ils refusent de se laisser expulser sans un minimum de considération pour leur avenir. Ces deux fronts de lutte sans fin témoignent d’une réalité partagée : un système incapable de répondre aux besoins de ses jeunes.
La situation, qui aurait pu être résolue par un dialogue constructif et des actions concrètes, illustre un échec institutionnel à tous les niveaux. Entre les discours prometteurs des autorités et la dure réalité du terrain, les étudiants casamançais se battent pour une cause qui dépasse leur propre sort : celle de l’équité et de la justice pour tous les jeunes comme ce fût dans les écoles à Saint-Louis pendant la colonisation française.
Le silence complice des nouveaux pouvoirs publics sénégalais
Face à ce désespoir, l’absence de réponses claires de la part des autorités sénégalaises suscite l’indignation. Les promesses non tenues, l’indifférence manifeste et la gestion inefficace des crises alimentent un sentiment d’abandon profond parmi les étudiants. « Où sont nos élus ? Où sont ceux qui doivent défendre nos droits ? », s’interroge amèrement un étudiant expulsé à Dakar.
L’espoir au milieu de l’adversité
Malgré tout, ces jeunes refusent de baisser les bras. Leurs revendications, portées par des mouvements comme le MEEDZ-KEKENDO, résonnent bien au-delà de la Casamance. Leur combat met en lumière les défis systémiques de l’éducation au Sénégal et appelle à une réflexion sur la manière dont on traite les étudiants casamançais, porteurs de l’avenir de l’Afrique.
Le calvaire des étudiants casamançais est une tragédie qui mérite une réponse immédiate et audacieuse. Leur lutte est un cri d’alarme, un appel à l’action pour bâtir un système éducatif plus juste, plus inclusif et plus respectueux des droits fondamentaux. Leur dignité et leur avenir ne peuvent attendre.
ARDiallo
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