Le 13 janvier 2025 marque le 18ème anniversaire de la disparition de l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor, figure emblématique du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) et chef historique de la lutte indépendantiste casamançaise. Cet homme de foi, de principes et de convictions profondes demeure, aujourd’hui encore, un symbole puissant de la résistance et de l’espoir pour tout un pays, et pour les peuples opprimés du monde entier.

Né le 4 avril 1928 à Senghalène, dans le sud-ouest de Ziguinchor, l’Abbé Diamacoune Senghor a été un acteur central dans l’histoire contemporaine de la Casamance. Dès sa jeunesse, il se distingue par son engagement envers la justice et la liberté. Formé au séminaire, il devient prêtre en 1956, mais son sens de la justice sociale et sa compassion pour les opprimés vont bien au-delà de son rôle religieux. La condamnation injuste de son père à deux ans de travaux forcés par les autorités coloniales marque profondément son esprit et forge sa vision de l’indépendance.

À partir des années 1980, l’Abbé Diamacoune commence à dénoncer la politique d’assimilation menée par le pouvoir sénégalais. Il s’élève contre ce qu’il considère comme une nouvelle forme de colonisation, une « colonisation interne », avec la nomination de fonctionnaires sénégalais dans la Casamance, un territoire pourtant historiquement distinct du Sénégal. En 1982, sa lettre à l’ancien président Léopold Sédar Senghor pour réclamer l’indépendance de la Casamance marquera le début d’un combat sans relâche.

L’Abbé Diamacoune, incarnera la détermination à lutter pour l’émancipation de la Casamance, allant jusqu’à revendiquer une indépendance « immédiate et totale ». Cette position le conduira à plusieurs arrestations et emprisonnements. En décembre 1982, après son arrestation par les forces sénégalaises, il sera condamné à cinq ans de prison pour « sédition », et malgré les efforts de la répression, le peuple casamançais, dans un élan de solidarité, parvient à faire tomber le drapeau sénégalais à Ziguinchor, un acte de défiance qui symbolise la résistance.

Malgré les persécutions, les multiples tentatives d’assassinat auxquelles il échappa, et les longues périodes de détention, l’Abbé Diamacoune Senghor ne cessa jamais de prôner la paix, l’indépendance et l’unité de la Casamance. Unité qui, selon lui, allait de l’Atlantique à la Falémé, et qui transcende toutes les divisions ethniques, culturelles et sociales. Il resta inébranlable dans ses convictions, même face à l’adversité, toujours porté par l’espoir d’un avenir meilleur pour la Casamance.

Lorsqu’il décéda le 13 janvier 2007 à l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris en France, la Casamance perdit non seulement un leader de grande envergure, mais un homme qui avait incarné l’amour de la justice, de la vérité, et de la liberté. Sa disparition laissa un vide énorme, alors même que le processus de paix, fragile et complexe, était encore en cours dans ce territoire secoué par plus de quatre décennies de conflit armé contre la domination sénégalaise.

Aujourd’hui, 18 ans après son départ, l’Abbé Diamacoune Senghor reste un modèle d’engagement et de dignité. Le chemin qu’il a tracé, sa lutte pour l’indépendance et la paix, continue d’inspirer les Casamançais et les militants du monde entier. Alors que la situation en Casamance reste marquée par des tensions, son héritage est plus que jamais vivant. Ses idéaux de justice et de paix résonnent encore dans les cœurs de ceux qui aspirent à un avenir où la liberté de la Casamance sera pleinement respectée.

Le 13 janvier, des cérémonies de recueillement seront organisées en Casamance et au-delà des frontières. À Mangoucouro, siège du MFDC, à Ziguinchor, une semaine de prières, de pèlerinage au cimetière de Brin et de réflexion permettra de rendre hommage à cet homme de foi et de combat. Les Casamançais, quelle que soit leur religion ou leur origine, se retrouveront dans un élan de fraternité pour honorer la mémoire de l’Abbé Diamacoune Senghor, ce grand défenseur de l’indépendance et de la paix, et pour continuer la lutte qu’il a commencée.

L’Abbé Diamacoune Senghor n’est pas seulement un symbole du passé. Son héritage continue de guider les générations actuelles et futures, dans leur quête de justice, de vérité et de liberté. Comme il le disait si souvent : «  Comme son palmier, la Casamance fleurira. La lutte continue, et la Casamance sera libre.« 

En ce 13 janvier, rappelons-nous que la paix véritable n’est pas un simple accord, mais un combat constant pour l’équité, la dignité et la liberté pour tous.

ARDiallo