Burkina Faso : Libération de quatre agents français de la DGSE pour 40 milliards de CFA
Une affaire restée dans l’ombre jusqu’au 19 décembre 2024, date à laquelle Paris a annoncé la libération de quatre agents français de la DGSE détenus au Burkina Faso. Un récit qui semble tout droit sorti d’un scénario entre Le Bureau des Légendes et OSS 117.
Le journal Le Monde a retracé cette incroyable histoire dans ses moindres détails. Tout commence fin 2023, lorsque ces quatre hommes partent au Burkina Faso pour une mission officielle d’échange avec leurs homologues africains. Cependant, dans un contexte de relations tendues entre les deux pays, ils sont interpellés dans leur hôtel. Les agents français ont involontairement facilité leur arrestation : ils ne disposaient pas de visas diplomatiques en règle et n’avaient pas vidé leurs téléphones portables, une erreur fondamentale pour des espions. Parmi les fichiers retrouvés, des photos de bâtiments sensibles de Ouagadougou, des preuves accablantes qui ont conduit les autorités burkinabées à les accuser d’espionnage.
Cette affaire a plongé la DGSE dans l’une de ses « plus graves crises internes » des dernières années, selon Le Monde. Les répercussions ont été telles qu’un mois plus tard, Emmanuel Macron a limogé le directeur de la DGSE, Bernard Émié. Les quatre agents ont passé plus d’un an en détention, d’abord en prison, puis dans deux villas cossues de Ouagadougou. Bien que traités correctement, leur quotidien était marqué par l’ennui, ponctué seulement par quelques visites du consul de France et d’un avocat.
Les négociations pour leur libération ont échoué à plusieurs reprises, poussant la France à envisager une intervention secrète pour les libérer de force. Un plan d’assaut héliporté depuis un pays voisin a même été étudié, mais jugé trop risqué sur les plans humain et politique. Finalement, c’est le Maroc qui a joué un rôle clé en intervenant comme médiateur. Emmanuel Macron a directement abordé le dossier avec le roi Mohammed VI, et des agents marocains se sont rendus à plusieurs reprises à Ouagadougou avant que la libération ne soit obtenue.
Selon une source proche des services marocains, cette libération aurait coûté 60 millions d’euros, environ 40 milliards de francs CFA, une information que Paris a catégoriquement démentie, refusant d’admettre toute transaction financière. À leur retour, les agents ont été accueillis par une petite célébration dans les locaux de la DGSE, juste avant le Nouvel An.
Cependant, cette affaire n’a pas amélioré les relations déjà tendues entre la France et l’Afrique. Le 14 janvier 2025, le chef de la junte militaire burkinabée, Ibrahim Traoré, a vivement critiqué Emmanuel Macron, l’accusant d’avoir « insulté tous les Africains » après que le président français a dénoncé « l’ingratitude » du continent envers la France.
Saliou Cissé
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