Au moins 124 journalistes ont été tués dans le monde en 2024, soit l’année la plus meurtrière depuis au moins 30 ans pour la profession, a dénoncé mercredi le Comité de protection des journalistes (CPJ), qui impute la responsabilité à Israël dans deux tiers des cas.

« La guerre à Gaza a un impact sans précédent sur les journalistes et témoigne d’une détérioration majeure des normes mondiales de protection des journalistes dans les zones de conflit« , souligne dans un communiqué la directrice générale de l’organisation basée à New York, Jodie Ginsberg. « Mais c’est loin d’être le seul endroit du monde où les journalistes sont en danger », ajoute-t-elle, en déplorant « une tendance plus large de musellement des médias à l’échelle mondiale« . Cela « devrait tous nous inquiéter, car la censure empêche de s’attaquer à la corruption et à la criminalité, et de demander des comptes aux puissants« , poursuit-elle.

« En quatre mois, le journalisme palestinien a été décimé en toute impunité », dénonce RSF
Selon le CPJ, 124 journalistes ou employés de médias ont été tués dans 18 pays, soit l’année la plus meurtrière depuis que l’organisation tient le décompte, soit plus de 30 ans.

Parmi eux, 82 journalistes palestiniens ont été tués à Gaza et trois journalistes sont morts au Liban, « tous aux mains de l’armée israélienne« . Le Soudan et le Pakistan suivent avec six journalistes tués dans chacun de ces pays, puis le Mexique (5), la Syrie (4), la Birmanie (3), l’Irak (3) et Haïti (2).

Le CPJ comptabilise les cas s’il y a des motifs raisonnables de croire qu’un journaliste a été tué dans son travail, soit accidentellement dans une zone de conflit ou une mission dangereuse, soit s’il a été visé délibérément en raison de son activité.

Selon l’organisation, 24 journalistes ont été tués délibérément en 2024, dont 10 par les forces armées israéliennes à Gaza et au Liban. Le CPJ cite les cas des journalistes d’Al Jazeera, Ismaïl al-Ghoul et Rami al-Refee, tués fin juillet lors d’une frappe israélienne sur la bande de Gaza. Israël avait affirmé que le premier était « un membre de la branche militaire du Hamas« , une accusation rejetée par Al Jazeera.

« La stratégie consistant à accuser les journalistes de terrorisme sans fournir de preuves est de plus en plus adoptée par les régimes autoritaires comme par les pays prétendument démocratiques« , dénonce le CPJ.

L’organisation soulève aussi le manque de protection des journalistes indépendants, qui « souvent font face au plus grand danger parce qu’ils ont le moins de ressources ». Parmi les 124 journalistes tués, 43 sont « freelance ».

Cathy Manga