Casamance : L’accord de la honte – Comment Dakar et Bissau fabriquent une paix en carton
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Ce dimanche 23 février 2025, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a annoncé la signature d’un accord de paix illusoire entre le Sénégal et le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC). Cet accord, présenté comme une avancée majeure vers la résolution du conflit en Casamance, a été finalisé à Bissau, sous l’égide du président guinéen Umaro Sissoco Embaló. Pourtant, derrière les déclarations triomphales et les poignées de main protocolaires, se cache une réalité bien plus sombre : un accord sans légitimité, signé avec des interlocuteurs sans représentativité, et qui risque de perpétuer un cycle de violence et de méfiance.
Un accord signé avec qui, et pour quoi faire ?
Le Premier ministre Ousmane Sonko a salué cet accord comme un « grand pas vers la paix définitive en Casamance ». Mais la question demeure : avec qui le gouvernement sénégalais a-t-il signé cet accord ? En 2022, sous l’ancien président Macky Sall, un premier accord avait été signé à Bissau avec un groupe se réclamant du MFDC, composé d’Atoute Badiate, Rambo Bassène et de Lansana Fabouré. Ce groupe, nommé prétentieusement « Comité Provisoire des Ailes politiques et combattantes du MFDC », n’avait aucune légitimité sur le terrain. Aujourd’hui, le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye semble répéter les mêmes erreurs, en signant un nouvel accord avec des interlocuteurs dont la représentativité est plus que douteuse.
Un dirigeant indépendantiste à Ziguinchor, contacté par nos services, a déclaré : « Soyons sérieux ! Tous ceux qui suivent ces événements en Casamance se rendent compte de la futilité d’une telle approche politique de paix à base de gros sous et des accords de paix avec des insignifiants. La situation est tellement grave et l’insouciance des nouvelles autorités tellement criante que la paix n’est pas pour demain. »
Une paix à deux vitesses
Le gouvernement sénégalais semble croire que la paix peut être achetée. Mais la paix ne se réduit pas à des signatures sur des documents. Or, cet accord ne semble répondre à aucune des exigences de vraies négociations de paix après 43 ans de conflit armée imposé à la Casamance. Cette promenade à Bissau est le fruit de négociations opaques, menées dans l’ombre, sans la participation des véritables acteurs du conflit.
Le MFDC, en lutte pour l’indépendance de la Casamance depuis 1982, a d’ailleurs condamné cette démarche. Pour les indépendantistes, cet accord n’est qu’une manœuvre politique visant à légitimer un gouvernement sénégalais en quête de crédibilité internationale. « La paix ne se construit pas sur des mensonges et des simulacres », a déclaré un porte-parole du MFDC. « Nous ne reconnaissons pas cet accord, et nous continuerons notre lutte jusqu’à ce que nos droits à l’autodétermination soient respectés. »
Le rôle trouble de la Guinée-Bissau
La Guinée-Bissau, sous la présidence d’Umaro Sissoco Embaló, joue un rôle ambigu dans ce processus. Présentée comme un médiateur neutre, la Guinée-Bissau semble en réalité servir les intérêts du gouvernement sénégalais. En 2022, elle avait déjà facilité la signature d’un accord bidon avec ce même groupe fantoche du MFDC. Aujourd’hui, elle réitère cette comédie, en offrant une tribune à des négociations qui n’ont aucune chance de déboucher sur une paix durable.
« C’est la deuxième fois que les parties belligérantes signent un accord à Bissau, depuis 2022 », a déclaré Umaro Sissoco Embaló. Mais cette répétition n’est pas un signe de progrès. C’est au contraire la preuve que les mêmes erreurs sont commises, encore et encore. Comme le dit l’adage : « Seuls les idiots répètent la même chose en espérant un résultat différent. »
Une paix impossible sans justice
La Casamance mérite mieux que des accords de pacotille. Elle mérite une paix véritable, fondée sur la justice et le respect des droits des populations. Le gouvernement sénégalais doit cesser de jouer avec les espoirs des Casamançais et engager un dialogue sérieux avec les véritables représentants du MFDC. Sans cela, cet accord ne sera qu’un autre chapitre dans une longue histoire de violences et de déceptions.
Cet accord de paix signé à Bissau n’est qu’une mascarade politique. Il ne résoudra rien, et ne fera qu’envenimer une situation déjà explosive. La paix en Casamance ne peut être construite sur des mensonges et des simulacres. Elle doit être le fruit d’un dialogue inclusif, transparent et respectueux des aspirations légitimes des populations. Jusqu’à ce que cela soit compris, la Casamance continuera de souffrir mais aussi tant de Sénégalais, et la paix restera un mirage.
Balanta Mané
Commentaires (2)
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Zeus
EN REALITE, UMARO UTILISE PROS POUR S’ETERNISER A LA PRESIDENCE COMME CE FUT LE CAS DE MACKY SALL. IL NE S’AGIT PAS DE NEGOCIATION DU MFDC. UMARO DOIT TERMINER SON DERNIER MANDAT LE 27 FEVRIER 2025 DANS 4 JOURS
Carlos
J’ai vu la vidéo et je n’ai pas vu de signature, avec qui ? quoi ? incroyable. Regarder la posture tête baissée, l’expression du corps, c’est minable. On sent le mensonge, la tricherie. La tritesse. Embalo joue de Sonko et on ne voit pas les signataires du MFDC.
Tout cela est bizarre !!!