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Guinée-Bissau : La colère des femmes face à l’exploitation du zircon

Guinée-Bissau : La colère des femmes face à l’exploitation du zircon

Dans un cri de révolte contre l’indifférence, l’injustice et la destruction silencieuse de leur terre, des femmes de la région de Nhiquin, au nord-ouest de la Guinée-Bissau, ont décidé de ne plus se taire. Dimanche dernier, elles ont mis le feu aux installations d’un site d’extraction de zircon exploité par des entreprises chinoises, qu’elles accusent de ravager leur environnement sans aucun égard pour leur vie, leur santé ni leur consentement.

Depuis 2022, ce site est le théâtre d’une exploitation intensive du sable zirconifère, précieuse ressource minérale convoitée sur le marché international. Mais à quel prix ? Pour les populations locales, le coût se mesure en rizières anéanties, marigots asséchés, poissons disparus… et silences officiels.

« Toutes nos rizières sont détruites. Il n’y a plus de poissons dans le marigot. Personne n’a pris en compte cette situation malgré nos cris de cœur« , témoigne Aissato Cadjaf, l’une des nombreuses manifestantes.

Loin d’un simple fait divers, cet acte de désespoir est un signal fort : celui d’un peuple qui refuse d’être sacrifié sur l’autel du profit et du développement sauvage. Pourtant, la réponse des autorités est restée implacable : arrestations, condamnations, menaces… comme si défendre la terre qui les nourrit était un crime.

Le ministre de l’Intérieur, Boche Candé, n’a pas hésité à qualifier les femmes de « vandales », ignorant les causes profondes de leur action. « Quand l’Etat fait des efforts pour chercher des partenaires, personne n’a le droit de détruire leurs biens« , a-t-il déclaré, révélant un fossé béant entre la logique économique de l’État et la réalité vécue par les citoyens.

Mais à Nhiquin, la population n’a jamais été consultée. Aucune étude d’impact environnemental n’a été partagée. Aucune voix locale n’a été entendue. Ce silence est un déni de démocratie, doublé d’un écocide. Ce ne sont pas seulement des terres qui sont détruites, mais tout un écosystème, un mode de vie, un avenir.

Cette situation n’est pas unique. Elle s’inscrit dans une dynamique plus large d’exploitation néocoloniale des ressources africaines, souvent au mépris des droits humains et environnementaux. Dans un pays classé parmi les derniers au monde en termes de développement humain par le PNUD, où l’instabilité politique laisse libre cours aux intérêts privés et mafieux, la colère devient l’ultime recours des oubliés.

Ce soulèvement des femmes de Guinée-Bissau est un acte de résistance. Un acte pour la survie. Un cri pour la Terre. Elles ne sont pas criminelles : elles sont les gardiennes de leur environnement, de leurs enfants, de leur avenir.

Balanta Mané

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