Côte d’Ivoire : Tidjane Thiam écarté de la liste électorale, son avenir politique en suspens

L’un des poids lourds de la scène politique ivoirienne, Tidjane Thiam, ne figure plus sur la liste électorale. Un tribunal ivoirien a statué mardi que l’ancien patron de Crédit Suisse, désormais chef de file du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), devait être radié en raison de sa nationalité française au moment de son inscription. Une décision sans appel, lourde de conséquences à quelques mois de l’élection présidentielle prévue pour octobre.
Le jugement s’appuie sur l’article 48 du Code de la nationalité ivoirienne, qui stipule qu’un citoyen ivoirien ayant acquis une autre nationalité perd automatiquement la sienne, sauf en cas de déclaration préalable de conservation. Selon les autorités judiciaires, Thiam n’était donc plus éligible au moment de son inscription sur les listes électorales. Son avocat, contacté par l’agence Reuters, a confirmé que cette décision était définitive.
Cette exclusion pourrait porter un coup fatal aux ambitions présidentielles de Tidjane Thiam, 61 ans, dont le retour sur la scène politique en 2023 avait suscité de grands espoirs au sein de l’opposition. Après avoir été élu président du PDCI, parti historique fondé par Félix Houphouët-Boigny, Thiam avait officiellement annoncé sa candidature en février dernier. Il avait renoncé à sa nationalité française dans le but de se conformer aux critères constitutionnels de candidature.
Mais pour ses partisans, cette radiation va au-delà d’une simple question juridique. Dans un communiqué publié peu après le verdict, Thiam a dénoncé une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Il appelle à une mobilisation nationale pour éviter une crise pré-électorale.
« Les Ivoiriens attendent du système judiciaire qu’il garantisse des élections pacifiques, transparentes et crédibles, non pas qu’il serve d’instrument à un régime désireux de s’octroyer les pouvoirs et de faire taire ses détracteurs« , a-t-il déclaré, en invitant l’ensemble de la classe politique à engager des discussions pour sortir de ce qu’il qualifie d’impasse démocratique.
Cette affaire intervient dans un contexte de tensions croissantes à l’approche du scrutin présidentiel. Les précédentes élections ont été marquées par des violences et des contestations, notamment lors du troisième mandat controversé du président Alassane Ouattara en 2020.
Le PDCI, désormais privé de son leader charismatique, se retrouve dans une position délicate. Le parti devra rapidement définir une nouvelle stratégie, voire désigner un autre candidat, à moins que le débat juridique autour de la nationalité de Tidjane Thiam ne rebondisse sur la scène politique nationale et internationale.
Alors que la Côte d’Ivoire aspire à une transition démocratique apaisée, cette décision de justice relance les inquiétudes sur l’équité du processus électoral et le respect des principes républicains. Pour de nombreux observateurs, le sort de Thiam pourrait bien être un baromètre de la vitalité démocratique du pays.
Maléguène
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