Communiqué de presse du Cercle des Intellectuels du MFDC: Privilégier la démarche politique
Le MFDC ne doit plus être un mouvement au sein duquel tout individu, chef militaire, fut-il, n’a le droit de s’autoproclamer à la fois SG et chef de l’aile militaire d’Attika.
L’éthique politique qu’avaient incarnée les leaders du MFDC notamment l’Abbé Diamacoune dont certains se réclament au demeurant, s’appuie sur le principe politique de légitimité que le peuple en lutte confère à quiconque prétend diriger le MFDC.
Aucun congrès, aucune concertation large ne s’est tenue, depuis que Diamacoune a disparu. Par conséquent, seule des assises regroupant la majorité des membres armés comme politiques et civils sont logiquement habilitées à déterminer qui dirigeraient le MFDC, y compris dans la perspective de pourparlers politiques.
Seules des assises inter ou intra MFDC décideront de la modalité politique ou militaire selon laquelle nous réaliserons le rêve de création d’un Etat- Nation Casamançais.
Au frère Salif certes nous saluons son farouche attachement à l’indépendance de la Casamance, tout comme nous saluons la détermination pour la même cause de la part des autres frères qui se battent comme lui et même parfois plus que lui.
Mais la Casamance et ses enfants démocrates, ses élites engagées dans la bataille pour la libération et la naissance d’un Etat-Nation casamançais démocratique, n’accepteront jamais qu’un de ses fils s’érigent en gourou. Car, dans la Casamance de demain, nos institutions doivent être démocratiques, nos populations libres, nos élites populaires et le tout sous le signe de l’éthique de notre peuple consistant en la résistance à tout individu qui chercherait à s’imposer sans aucune légitimité sur elles. Notre peuple a toujours eu une aversion vis-à-vis des gens qui prétendent passer pour Dieu sur terre.
Si Salif a l’arme, la Casamance a sa morale, sa culture de la lutte et ses élites vigilantes en vue d’une Casamance à jamais débarrassée des velléités dictatoriales et autoritaires en perspectives.
A tout frère qui serait pris de folie de grandeur ou de gourou, nous disons avec la plus grande fermeté que la Casamance de Sounkarou Camara, de Dofa Bodian, de Djignabo Bassène de Ahoune Sané de Aliin Sitoe Diatta, de Diamacoune Senghor, de Sihalebe Diatta, de Moussa Molo Baldé manifestera toujours son aversion vis à vis tout individu qui ne comprend pas que le politique réside dans l’humilité inspirant la recherche de la légitimité du peuple.
Aller à Rome et organiser un show honteux pour rappeler l’attachement à l’indépendance est certes une belle séduction, mais laisser Macky Sall, déployer tout son piège en encrant son paradigme développemental en Casamance, c’est soit jouer un jeu de dupe avec les Amiraux qui vous ont sucrés avec les 3 millions offerts à l’hôpital de Ziguinchor, soit se faire pièger.
Nous n’irons ni à Rome, ni ailleurs, tant que Attika et le Sénégal ne signeront pas un cessez le feu, tant que des nôtres sont sous le coup de mandats d’arrêts internationaux, tant que l’ONU ou un Etat ne s’implique pas fortement dans l’organisation des assises intra ou inter MFDC. Lesquelles assises seraient génératrices de la légitimité politique d’une équipe de négociateurs ou de dirigeants démocrates.
Tant que les restes de Aliin Sitoe Diatta se trouvant à Tombouctou ou de Sihalebe Diatta au musée de l’homme de Paris ne sont pas rapatriés en Casamance, tant que l’ONU n’est pas choisie comme médiatrice dans la résolution du conflit nous opposant au Sénégal, nous n’irons nulle part, encore moins n’accepterons aucun contact avec des émissaires sénégalais.
Venir en Casamance pour parler d’acte trois de la décentralisation ou de plan de développement, c’est se moquer de l’intelligence de la Casamance en lutte. C’est choisir toujours le développement à notre place sans débat, c’est nier notre capacité d’invention des modèles de développement et d’organisation politique qui soient originaux pour notre peuple.
Macky Sall peut perdre son temps avec ses complices du GRPC qui n’affichent aucune relation critique vis à vis de ce qui est proposé à la Casamance.
Le moment venu, les élites de la Casamance et le peuple, dans une nouvelle dynamique de lutte, dotés d’une légitimité forte et soutenus par leur armée démocratique qui intègre suffisamment la séparation des pouvoirs politiques et militaires, marqueront un tournent décisif dans la trame de la lutte de libération.
Au commencement ce fut une marche politique mémorable, à la fin force restera à la voix du peuple et donc au politique, pas à un gourou militaire et/ou politique.
Vive la Casamance libre et indépendante.
Le Cercle des intellectuels et universitaire du MFDC.
Fait en Europe le 20-03-2014