Turquie: commémorations du génocide arménien de 1915 à Istanbul
Les Arméniens commémorent jeudi le génocide perpétré il y a 99 ans sous l’empire ottoman. Ces cérémonies ont lieu au lendemain d’un geste inattendu de la Turquie, qui a adressé ses condoléances aux descendants des victimes de ce drame, qu’elle ne reconnaÎt toutefois pas comme un génocide.
Une première commémoration menée par les associations turques des droits de l’Homme et la communauté arménienne a eu lieu devant la gare de Haydarpacha à Istanbul, a constaté une journaliste de l’AFP. C’est d’ici qu’était parti le premier convoi de déportation, emmenant plusieurs centaines de notables.
Sous protection policière, les manifestants ont brandi les portraits des déportés et une banderole sur laquelle on pouvait lire « Nous commémorons les victimes du génocide arménien: certaines plaies ne guérissent pas avec le temps ». Un autre rassemblement est prévu dans la soirée sur la place Taksim.
La veille, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s’est adressé de façon inattendue aux descendants des Arméniens tués au cours de la Première Guerre mondiale par les forces ottomanes.
Evoquant des « événements qui ont eu des conséquences inhumaines », il a présenté ses condoléances aux petits-enfants des victimes. Il a cependant évité de prononcer le mot « génocide » que la Turquie, qui a remplacé l’empire ottoman en 1923, nie catégoriquement.
Le 24 avril 1915, le gouvernement jeune-turc ordonnait la déportation vers la province ottomane de Syrie de centaines de milliers d’Arméniens, accusés de collaborer avec l’ennemi russe.
Cette journée est commémorée dans le monde entier par la diaspora arménienne. Selon les Arméniens, 1,5 million des leurs furent tués lors des persécutions et déportations.
La Turquie reconnaÎt des massacres qui ont coûté la vie à 300’000 personnes, mais refuse le caractère génocidaire des événements, reconnu par de nombreux pays.
AT/ Ibou Camara