Kenya: Le président promulgue une loi sur la polygamie
Le président kényan Uhuru Kenyatta a promulgué mardi une loi controversée sur le mariage, selon la présidence kényane. Le texte autorise notamment un homme a épouser autant de femmes qu’il le désire, sans le consentement de son ou de ses autres épouses.
Cette loi, destinée « à regrouper les différentes législations relatives au mariage », selon un communiqué de la présidence, avait été adoptée mi-mars par les députés qui avaient alors supprimé du texte la possibilité pour les épouses de s’opposer au mariage de leur mari avec d’autres femmes. A la fureur des députées qui avaient quitté leurs bancs.
« Le mariage est l’union volontaire d’un homme et d’une femme, dans une union monogame ou polygame », stipule la loi promulguée mardi, qui consacre notamment dans le droit kényan un certain nombre de pratiques coutumières dont la polygamie. La loi n’autorise en revanche les femmes à n’épouser qu’un seul homme.
Le Conseil national des Eglises du Kenya (NCCK), qui regroupe plus de 40 chapelles et organisations chrétiennes, s’est opposée publiquement à la loi et la Fédération nationale des avocates (Fida-Kenya) a indiqué qu’elle déposerait un recours.
La Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et la Commission kényane des droits de l’Homme (KHRC) ont estimé que cette loi « contenait des aspects positifs », notamment car elle impose « l’enregistrement de tous les mariages (…) offrant ainsi une plus grande protection aux femmes » tout en critiquant cette autorisation de la polygamie sans limite et sans consentement des épouses.
La polygamie est largement répandue au Kenya, notamment dans les zones rurales et au sein de la communauté musulmane du pays. En 2009, selon les dernières données officielles disponibles, environ 13% des femmes kényanes déclaraient vivre dans un foyer polygame et 7% des hommes.
« Quand vous épousez une Africaine, elle doit savoir que la deuxième (épouse) est en route, et la troisième (…) c’est l’Afrique », avait déclaré le député Junet Mohamed, durant les débats.
Saliou Cissé