Quelle paix donc veut le Sénégal en Casamance ?
La tuerie d’élèves à Oulampane, l’assassinat d’Abdou Bodiang à Bignona et la mort par balles d’un combattant de Salif Sadio la semaine dernière, tous perpétrés par les militaires sénégalais, montre à quel point la situation est volatile et qu’on est en droit de se poser la question quelle paix donc veut le Sénégal en Casamance ?
Ces faits sont très graves et à répétition, d’autant plus que Salif Sadio, l’un des chefs Atika de la branche armée du MFDC venait de décréter le mois dernier un cessez-le-feu unilatéral avec le Sénégal.
Les vrais dangers de la paix se situent à trois niveaux :
En premier lieu l’armée sénégalaise. Les faucons émergents ne partagent plus les démarches politiciennes dictées par Macky Sall et surtout n’acceptent pas d’exécuter les ordres de leur chef d’Etat-Major. Ils sont abandonnés sur le terrain sans indemnisation. Le seul moyen de se faire entendre c’est tourner les armes contre les civils casamançais.
En second lieu les marabouts sénégalais. En perte d’influence et d’espace cultivable, ils ont trouvé en Casamance une zone de prédilection voulant transformer le conflit politique en conflit à caractère confessionnel et même ethnique. Les récentes profanations des églises de Ziguinchor et l’assassinat dans la même ville d’Ousmane Diallo par des talibés de la secte « Baye Fall » dirigés par des marabouts sénégalais attisent de plus le feu de l’intolérance.
Le troisième niveau se situe chez les « messieurs Casamance », un point largement décrypté par notre confrère René Capain Bassène dans son article exclusif dans notre journal« les facilitateurs nationaux ou messieurs Casamance en perte de crédibilité. »
Ces Sénégalais, souvent conscients des dangers de la portée de leurs actes, semblent tout faire pour faire capoter le processus de paix bien entamé par l’ambassadeur américain Mark Boulware, conseiller des Etats-Unis pour la Casamance.
Il n’est pas déplacé de penser que le président Macky Sall par incapacité de gouverner, prête le flanc aux militaires va-en-guerre et aux marabouts « esclavagistes ».
Malgré tous ces dérapages, les populations de Casamance se retiennent. Les provocations, en exacerbant les différences à partir du mépris de la paix et de considérations identitaires, risquent de réveiller les vieux démons de la guerre. Et aujourd’hui rien n’indique le contraire.
Bintou Diallo
SinkurBadin
Le souci majeur d’intellectuel est d’évoquer la nécessité d’assainir la mémoire de tout un chacun, surtout celle des nouvelles générations sur les véritables raisons qui ont conduit à la Casamance de lutter pour son indépendance.
Ces raisons, il faut le dire, ont été occultées à dessein pour servir une certaine idée de la sacro-sainte de l’unité nationale du Sénégal. Il faut comprendre que tous ces pro-sénégalais surfent sans vergogne sur le sang des dizaines de milliers de victimes casamançais de la résistance.
Tant que ceux dont les mains sont maculées du sang, ceux qui ont commandité les crimes ou qui les ont encouragés continueront à mystifier les populations casamançaises en se cachant derrière des ONG pour la recherche de la paix en Casamance, celle-ci sera un échec.