Burkina Faso: l’armée a pris le pouvoir et de nombreux morts
L’armée a pris le pouvoir au Burkina Faso, annonçant la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale après une journée d’émeutes contre le régime de Blaise Compaoré. Ces affrontements ont fait une trentaine de morts et plus de cent blessés, a déclaré Bénéwendé Sankara, un ténor de l’opposition.
Assemblée nationale incendiée, télévision publique prise d’assaut, violences en province: le pays s’est enflammé jeudi contre le régime de Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans. Un couvre-feu a été imposé sur l’ensemble du territoire de 12h00 à 07h00 suisses pour « préserver la sécurité des personnes et des biens ».
Dans une allocution télévisée diffusée peu avant minuit, ce dernier n’a pas indiqué qu’il démissionnerait. Il s’est cependant dit ouvert à « des pourparlers » allant dans le sens d’une transition, à l’issue de laquelle le pouvoir sera transmis au président démocratiquement élu.
Le président burkinabé a également annulé en fin de soirée l’état de siège, qu’il avait décrété quelques heures plus tôt, sur « toute l’étendue du territoire national« . Il a en outre prononcé la dissolution du gouvernement, comme annoncé un peu plus tôt par l’armée.
A la mi-journée, le régime avait tenté de calmer les esprits en annonçant l’annulation du vote du projet de révision constitutionnelle qui avait mis le feu aux poudres. En vain.
Dans un communiqué, l’Union africaine (UA) a exprimé « sa profonde préoccupation face à la situation » et appelé au calme. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a annoncé l’envoi d’un émissaire pour tenter de mettre fin aux violences.
La capitale Ouagadougou a sombré dans le chaos. Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles, tuant notamment trois manifestants qui tentaient d’attaquer le domicile du frère du président. Des troubles ont aussi été signalés à Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays (sud-ouest).
Les émeutes ont fait une trentaine de morts et plus de cent blessés, a déclaré Bénéwendé Sankara, un ténor de l’opposition. Celui-ci n’a pas précisé si ce bilan concernait seulement Ouagadougou ou tout le Burkina Faso.
Le Burkina a basculé dans la crise avec l’annonce, le 21 octobre, d’un projet de révision constitutionnelle portant de deux à trois le nombre maximal de quinquennats présidentiels. M. Compaoré doit théoriquement achever l’an prochain son dernier mandat, après deux septennats (1992-2005) et deux quinquennats (2005-2015).
AT/ ARDiallo