Sénégal: décryptage de la situation de crise à l’UCAD par Baboucar Badji, Président de l’association des étudiants pour le Développement de la Casamance (AEDC), Kekendo
A l’heure où nous sommes, avec la rupture annoncée par ce régime, les obstacles à la pleine participation au développement de ce pays devraient être réduits et la bataille pour l’égalité doit demeurer un idéal pour son programme.
Hier les Sénégalais avaient partagés ensemble le souci de l’encadrement humain et de l’intégration harmonieuse des plus démunies, aujourd’hui après s’être battus pour écarter de notre chemin ce souci, il revient en force avec une forme plus dévastatrice.
Les origines de la récente crise universitaire :
Les universités Sénégalaises sont en pleine palpitation depuis l’annonce de l’application des réformes sorties du rapport général de la CNAES mais aussi du programme des réformes prioritaires 2013/2017 de l’enseignement supérieur et de la recherche au Sénégal. Renforcer par les onze (11) décisions présidentielles relatives à l’enseignement supérieur et à la recherche décidée par le conseil présidentiel sur l’enseignement supérieur et la recherche, un conseil dépourvu de gens qui font notre université.
Pour le monde universitaire et surtout pour les étudiants, ces réformes sont non conformes à nos réalités socio-économique car elles ont été inspirés dans une large mesure par la Banque mondiale qui selon les étudiants voudrait réduire l’effectif de ceux qui convergent vers l’enseignement supérieur dans les universités publiques tout en freinant le rythme de progression de nos universités dans la formation de qualité des étudiants. Et d’ailleurs le tout a été décidé sans eux alors que : il y’à un vieux adage qui dit que « tout ce qui se fait derrière toi pour toi est fait contre toi ». Voyez-vous un peu le topo qui est à l’origine de la contestation massive de ces réformes par presque toutes les composantes du monde universitaire.
L’obsession à produire de bons résultats peut conduire à des dérives et nul doute que c’est le chemin emprunté par le gouvernement du Sénégal et ces réformes sur l’enseignement supérieur. Retenons que depuis maintenant plus de 10 ans, aucune politique sérieuse de développement visant un mieux-être du système éducatif dans son ensemble n’a été entreprit et suivie. Cependant si des changements doivent être apportés allant dans le sens d’améliorer les conditions d’études afin de rendre nos universités performantes, cela doit passer d’abord par le respect et la considération de tous les acteurs qui régissent ce système. Ce changement ne doit pas être brutal, son élaboration doit être le fruit d’un processus.
Réformer reviens à apporter une amélioration par rapport à une situation précédente et ce que nous constatons aujourd’hui, c’est tout le contraire de ce qui est annoncé. A l’heure actuelle, le gouvernement du Sénégal doit s’atteler à encourager la pleine participation de tous les citoyens à l’effort de développement de cette nation qui selon nous ne peux passer que par un bon encadrement et une bonne formation de son capital humain. Donc à ne pas désorienter les universités de leurs missions fondamentales.
Toute cette politique à objectifs verrouillés et à résultat positif presque nul est à l’origine de cette crise universitaire qui d’ailleurs n’a pas fini de dévoiler son dernier scénario.
Les conséquences
Depuis que le Sénégal a hérité de cette université de Dakar plus tard devenue université Cheikh Anta Diop, les gouvernants Sénégalais n’ont cessé d’affirmer partout qu’ils veulent faire de l’enseignement supérieur et de la recherche un moteur de développement. Cependant il est a noté que dans la matérialisation, cela tarde à prendre forme car ils sont toujours renfermés sur eux même et leurs partenaires de développement sans beaucoup consulter ceux qui vivent set supportent les conditions de ce milieu composite.
Pourquoi ne pas apprendre du passé. Les réformes de 1994 formulées sans consultation du monde universitaire de l’époque ont entrainé sur leur sillage d’énormes bouleversements comme : le soulèvement de toutes les composantes de l’université pour dire non à ces réformes, l’invalidation de cette année universitaire 1993-1994, l’exclusion à grande échelle de bon nombre d’étudiants surtout du premier cycle, la remise en cause de la procédure d’orientation qui sera désormais confiée aux établissements sur demande des nouveaux bacheliers.
Pour les années 2000, vous serez d’accord avec nous que tout ce qui concerne la réforme n’a eu aucun suivie et nous pouvons même dire qu’il y’a eu abandon de cette dernière. Pis, nous avons constaté une fourberie sur presque tous les niveaux concernant l’enseignement supérieur et la recherche, une politisation de l’espace universitaire, un égarement massif du devenir de cette nation et beaucoup de laisser faire nous conduisant aujourd’hui à cette impasse.
Les conséquences de cette continuité dans la démarche de l’Etat bien que annonceur d’une rupture sont néfastes et déplorables. Avec un bilan académique 2013/2014 catastrophique, l’université Cheikh Anta Diop de Dakar au mois d’octobre qui normalement sert à la deuxième session pour le rattrape de ceux qui n’ont pas pu passer en juillet se retrouve avec Zéro diplôme délivré, une session unique dont nous connaissons les conséquences, une exclusion illégale de plus d’un millier d’étudiants du deuxième cycle sans pour autant chercher ni proposer une alternative, un assassinat pas toujours élucidé, un saccage digne de l’époque de la barbarie dans le campus social par la police dans son rôle d’imposer le désordre, des centaines de blessées dont plusieurs cas graves et toujours une instabilité menaçante.
La responsabilité :
Elle est partagée entre les gouvernants qui font preuve d’un manque de volonté politique réelle de faire avancer les choses dans le bon sens et aussi d’une fuite de responsabilité accompagnée par un amorphisme de la part de presque toutes les composantes de l’université qui devraient prendre à bras le corps cette phase décisif de transition dans l’histoire de notre université. Notons aussi qu’une vision maitrisée de la part des gouvernants en ce qui concerne les missions fondamentales de l’université n’est pas au rendez-vous. Certains politiciens véreux sont aussi dans ce lot car n’ayant pas pu proposer quelque chose de crédible à la place de ces réformes et au lieu de le faire, ils participent au pourrissement de la situation en déroutant les faibles d’esprit de la bonne direction et de la bonne démarche.
La solution :
Elle peut venir de tout bord d’où la nécessité de faire preuve de souplesse, de lucidité, de responsabilité mais aussi de dépassement de la part de tous les acteurs surtout des gouvernants à qui le rôle premier est la bonne conduite de nos affaires à travers une démarche unanime fruit d’un consensus.
Ceci dit, tout passe par la sincérité et le dialogue objectif autour de la problématique. Nous sommes à la croisée des chemins et au rendez-vous du : « qui tu es », vue sous cette angle, le Sénégal à mieux à faire que de copier des systèmes ailleurs et venir les imposés à ses citoyens très conscients de leurs devoirs envers la nation et de leurs droit dans ce pays.
Dire que payer les bourses à temps réglerai la situation, avancer le fait que le retour des amicales dans les différentes facultés apporterai la stabilité ou le fait de créer un cadre de dialogue sans pour autant veiller à la mise en forme des différentes décisions qui vont sortir de ce dernier ne serait que rajouter le problème et alimenté les foyers de tension.
Comme nous tous nous sentons la nécessité d’une réforme, acceptons de jouer pleinement notre rôle de citoyen qui n’est rien d’autre que de servir avec la manière la plus lucide et la plus responsable la cause républicaine et de là, viendra la solution à ce mal qui nous ronge.
En sommes, faisons tous notre mieux pour répondre aux attentes de la société en ce qui concerne la mission fondamentale de ce qu’est l’université, de là arrivera la solution.
Baba