Nigeria: cinq raisons de l’échec de Goodluck Jonathan face à l’opposition
La défaite surprise du président sortant Goodluck Jonathan à la présidentielle nigériane mérite quelques explications.
1. Difficile de tricher
Les dernières élections ont été entachées de graves irrégularités et des soupçons de fraudes. En 2007, les observateurs ont déclaré que le scrutin présidentiel n’était pas «crédible». En 2011, le vote a été jugé crédible, mais des observateurs ont déclaré que des irrégularités et fraudes ont encore eu lieu. Cette fois, la Commission électorale a pris plusieurs mesures pour empêcher la fraude, y compris l’introduction de la biométrie dans le vote.
2. Boko Haram et la sécurité
L’armée nigériane a fait quelques progrès récemment contre Boko Haram, mais pas assez pour convaincre les Nigérians. Le scrutin a été retardé de six semaines pour donner le temps à la situation sécuritaire de s’améliorer, mais même si la plupart des zones contrôlées par Boko Haram ont été reprises, il semble pour beaucoup de personnes que cela soit arrivé trop tardivement.
3. L’opposition s’unit, le PDP s’effrite
Le PDP a été décrit comme une machine à gagner les élections. Il a été créé avec l’union de l’élite du nord et les principaux politiciens du sud, mais cette alliance a été rompue et le parti a perdu quelques-unes de ses figures clés. Même l’ancien président Olusegun Obasanjo s’est prononcé publiquement contre M. Jonathan.
4. L’Economie
L’économie du Nigeria est en forte croissance, mais la richesse n’est pas partagée. Le Nigeria est le plus grand producteur de pétrole d’Afrique avec la plus grande économie, mais beaucoup ne parviennent pas à en ressentir les retombées. Près de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. La corruption bat également son plein dans le pays.
5. L’heure du changement
Les partisans de l’APC ont scandé «changement» partout où ils passaient et cela semble avoir porté du fruit. Le PDP a été au pouvoir depuis la fin du régime militaire en 1999, mais 2015 est l’année où les Nigérians ont décidé que quelqu’un d’autre préside à leur destinée.
Le président élu, Muhammadu Buhari doit maintenant prouver qu’il peut vraiment changer les choses.
Balanta Mané